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30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 21:12

Bonjour,

suite à quelques recherches sans prétention dans ce domaine, je tiens à vous présenter assez succinctement ce sujet assez mal connu du grand public, sauf peut-être dans les zones jugées sensibles (Rhône notamment).

 

Je partirai d’un point de vue assez général pour peu à peu rentrer dans quelques détails de chimie et physique. N’hésitez pas à poster des coms si vous avez une question, je tâcherai d’y répondre.

 

Tout d’abord, que signifie ce bizarre acronyme « PCB ». Peut-être l’avez-vous déjà entendu, ou lu dans des journaux.

Il désigne une famille de 209 molécules toutes artificielles au nom barbare : les polychlorobiphényles.

Voici à quoi ça peut ressembler :   http://www.futura-sciences.com/uploads/tx_oxcsfutura/PCB_wiki.jpg

 

Si ça ne vous dit rien, ce n’est pas grave. Aussi appelées pyralènes ou Aroclors (selon le fabricant), ces composés sont des huiles plus ou moins visqueuses utilisées comme isolant dans la plupart des transformateurs électriques jusqu’à assez récemment.

Problème : ces molécules sont, en très faibles concentrations, très toxiques, cancérigènes et perturbateurs endocriniens (c’est-à-dire qu’ils miment ou prennent la place des hormones sur les récepteurs associés, notamment dans l’hypothalamus).

En 1975, une loi règlemente très sévèrement leur commerce et leur utilisation.

L’élimination des transformateurs a entrainé de nombreuses pollutions des sols, notamment, car elle n’a pas été gérée correctement.

Maintenant, me direz-vous, 1975 est loin, les sols ont été lessivés par les pluies, les molécules se sont dégradées et la pollution a disparu ? Malheureusement, c’est là que le bât blesse !

 

Les PCB sont en effet des espèces qui sont dites des « polluants organiques persistants » (POP), du fait de certaines de leurs caractéristiques :

Leur dégradation chimique est lente et difficile dans des environnements courants

Ces espèces « s’accrochent » très fortement sur les sols et sont peu solubles dans l’eau

 

Bref, les pollutions de 1975 sont toujours là ...

Un facteur reste à évaluer : quelle est la dangerosité de ce type de pollution ?

 

Le plus souvent, leur impact est quasi nul (impact sur une flore non comestible à la limite, peut-être sur des animaux sauvages qui ont leurs terriers dans des sols pollués, mais ceux-ci ne mangeant pas la terre, les échanges sont sans doute minimisés : malheureusement, aucune étude ne porte là-dessus …).

 

Pourtant, quand on en entend parler, c’est bien d’évènements locaux assez catastrophiques dont on parle, aux répercussions à longue durée.

Sûrement avez-vous déjà entendu parler des problèmes que posent les PCB pour la pêche dans certains lacs et rivières : les poissons sont retrouvés morts par centaines à la surface de l’eau.

Arrêtons ces images un peu caricaturales à ce point, même si cela est déjà arrivé, les manifestations des PCB sont le plus souvent beaucoup plus silencieuses. Pour autant, les poissons sont bien contaminés.

Mais d’ailleurs, d’où vient le fait que ces poissons sont contaminés ? J’ai mentionné que les PCB étaient très peu solubles dans l’eau, alors pourquoi les poissons sont-ils victimes de leur présence ?

 

Revenons ici un peu en arrière et essayons de retracer le trajet suivi par une pollution …

Les PCB sont relâchés dans l’environnement, soit directement, soit par percement d’un réservoir corrodé.

Lors d’épisodes pluvieux ou de crue, ces PCB qui sont des huiles plus denses que l’eau sont emportés petit à petit par le courant vers des rivières, fleuves ou lac, où ils vont s’accumuler dans des endroits où le courant moins fort (près des berges des ruisseaux, fond des rivières, derrière des galets, sur le front de l’embouchure d’une rivière se déversant dans un lac). Arrivés là, ils vont peu à peu se fixer sur les sédiments où ils seront immobilisés assez longtemps.

Avez-vous déjà remarqué ce qu’il se passait aux endroits des cours d’eau où il y a peu de courant ?

Des plantes aquatiques ou des algues poussent ! Et ce sont elles qui absorbent une petite proportion des PCB, ainsi que des petits poissons de fond. Ces espèces sont malheureusement pour elles (et pour nous !) en début de chaîne alimentaire. Et devinez qui est au bout de la même chaîne ? Nous bien sûr, et les poissons type truites et autres sont aussi des prédateurs et proies dans ce système.

Voilà donc qui explique les interdictions de consommation dans certaines rivières.

Dernier cas : le cas où les PCB polluent un sol à vocation agricole. Les pourcentages de PCB passant dans les cultures diffèrent énormément selon leur nature. Le plus souvent, les pollutions étant assez localisées, la solution est l’abandon de la parcelle.

 

Que faire dans le cas des rivières ?

C’est la question que se posent de nombreux chercheurs à l’heure actuelle, car les plantes connues ne semblent pas capter suffisamment la pollution pour la réduire de manière conséquente. Certaines voies de recherche s’orientent tout de même par là car c’est une technique finalement simple de planter des espèces, puis de les faucher et de récupérer les PCB qu’elles contiennent (cette technique est efficace pour éliminer certains métaux lourds présents dans les sols). D’autres techniques cherchent à trouver un matériau plus efficace que les sédiments pour fixer les PCB. Celui-ci existe, et est même assez banal, c’est le charbon actif. Problème : il faut trouver une méthode pour dépolluer à partir de là … Pas simple quand on a une idée des surfaces à dépolluer.

 

Dernier problème et de taille : une fois qu’on a récupéré nos PCB, que ce soit sur du charbon ou dans des végétaux, comment les détruire ?

 

Une méthode est très utilisée à l’heure actuelle : l’incinération, mais elle présente un inconvénient majeur : on effectue une combustion à très haute température de ces huiles, qui va les oxyder en molécules inoffensives en théorie. Mais si on ne maitrise pas avec grande précision le taux d’oxygène et la température, on risque d’avoir une combustion incomplète qui crée des espèces chimiques tout aussi nocives : les dioxines.

 

Vous en aurez eu un court aperçu : les pollutions aux PCB sont toujours d’actualité et de nombreux problèmes restent à résoudre. Il ne faut toutefois pas dramatiser : ces pollutions demeurent très localisées et il est finalement facile dans une monde où les échanges sont rapides, de se passer d’une production particulière (poissons d’une rivière, légumes d’un champ). 

Si vous désirez plus d'explications sur la chimie de ces espèces, les méthodes permettant d'identifier un sol pollué et les pistes de recherche en matière de dégradation des PCB, n'hésitez pas à me les poser, j'essaierai d'y répondre si possible.

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